Introduction aux
modèles hyperboliques plan
2 - Un monde non
euclidien selon Poincaré
1. Présentation des trois
modèles | 3.Passage entre les
différents modèles plans hyperboliques
[Construction dans le
modèle du disque de Poincaré] [Constructions
dans le modèle de Klein-Beltrami] [Version
Java]
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les GNE] [Retour aux
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Le texte de Henri Poincaré (extrait
de "La science et l'hypothèse" - Chap. 4 : L'espace et la
géométrie - 1908)
Si l'espace géométrique était un cadre
imposé à chacune de nos représentations,
considérée individuellement, il serait impossible de se
représenter une image dépouillée de ce cadre, et
nous ne pourrions rien changer à notre
géométrie. Mais il n'en n'est pas ainsi, la
géométrie n'est que le résumé des lois
suivant lesquelles se succèdent ces images. Rien
n'empêche alors d'imaginer une série de
représentations de tout point semblables à nos
représentations ordinaires, mais se succédant
d'après des lois différentes de celles auxquelles nous
sommes accoutumés. On conçoit alors que des êtres
dont l'éducation se ferait dans un milieu où ces lois
seraient ainsi bouleversées pourraient avoir une
géométrie très différente de la
nôtre. Supposons par exemple un monde renfermé dans une
grande sphère et soumis aux lois suivantes :
La température n'y est pas uniforme; elle est maxima au
centre, et elle diminue à mesure qu'on s'en éloigne,
pour se réduire au zéro absolu quand on atteint la
sphère où ce monde est renfermé. Je
précise davantage la loi suivant laquelle varie cette
température. Soit R le rayon de la sphère limite; soit
r la distance du point considéré au centre de cette
sphère.
La température absolue sera proportionnelle à
R2-r2. Je supposerai de plus que, dans ce
monde, tous les corps aient même coefficient de dilatation, de
telle façon que la longueur d'une règle quelconque soit
poportionnelle à sa température absolue.Je supposerai
enfin qu'un objet transportéd'un point à un autre, dont
la température est différente, se met
immédiatement en équilibre calorifique avec son nouveau
milieu. Rien dans ces hypothèses n'est contradictoire ou
inimaginable.
Un objet mobile deviendra alors de plus en plus petit à
mesure qu'on se rapprochera de la sphère limite. Observons
d'abord que, si ce monde est limité au point de vue de notre
géométrie habituelle, il paraîtra infini à
ses habitants. Quand ceux-ci, en effet, veulent se rapporcher de la
sphère limite, ils se refroidissent et deviennent de plus en
plus petits. Les pas qu'ils font sont donc aussi de plus en plus
petits, de sorte qu'ils ne peuvent jamais attendre la sphère
limite.
Si, pour nous, la géométrie n'est que
l'étude des lois suivant lesquelles se meuvent les solides
invariables, pour ces êtres imaginaires, ce sera l'étude
des lois suivant lesquelles se meuvent les solides
déformés par ces différences de
température dont je viens de parler. Sans doute, dans
notre monde, les solides naturels éprouvent également
des variations de forme et de volume dues à
l'échaffement ou au refroidissement. Mais nous
négligeons ces variations en jetant les fondements de la
géométrie; car, outre qu'elles sont très
faibles, elles sont irrégulières et nous paraissent par
conséquent accidentelles. Dans ce monde hypothètique,
il n'en serait plus de même, et ces variations suivraient des
lois régulières et trés simples. D'autre part,
les diverses pièces solides dont se composerait le corps de
ses habitants, subiraient les mêmes variations de forme et de
volume.
Je ferais une autre hypothèse; je supposerai que la
lumière traverse des milieux diversement réfringents et
de telle sorte que l'indice de réfraction soit inversement
proportionnel à R2-r2. Il est
aisé de voir que, dans ces conditions, les rayons lumineux ne
seraient pas rectilignes, mais circulaires. Pour justifier ce qui
précède, il me reste à montrer que certains
changements survenus dans la position des objets extérieurs
peuvent être corrigés par des mouvements
corrélatifs des êtres sentant qui habitent ce monde
imaginaire; et cela de façon à restaurer l'ensemble
primitif des impression subies par ces êtres sentants.
Supposons en effet, qu'un objet se déplace, en se
déformant, non comme un solide invariable, mais comme un
solide éprouvant des dilatations inégales, exatement
conformes à la loi de température que j'ai
supposée plus haut. Qu'on me permette, pour abréger le
langage, d'appeler un pareil mouvement
déplacement non
euclidien.
Si un être sentnat se trouve dans le voisinage, ses
impressions seront modifiées par le déplacement de
l'objet, mais il pourra les rétablir en se mouvant
lui-même d'une manière convenable. Il suffit que
finalement l'ensemble de l'objet et de l'être sentant,
considéré comme un seul corps, ait
éprouvé un de ces déplacements particuliers que
je viens d'appeler non euclidien. Cela est possible si l'on suppose
que les membres de ces être se dilatent d'après la
même loi que les autres corps du monde qu'ils habitent.
Bien qu'ua point de vue de notre géométrie
habituelle les corps se soient déformés dans ce
déplacement et que leurs diverses parties ne se retrouvent
plus dans la même situation relative, cepandant nous allons
voir que les impressions de l'être sentant sont redevenues les
mêmes. En effet, si les distances mutuelles des diverses
parties ont pu varier, néanmoins les parties primitivement en
contact sont revenues en contact. Les impressions tactiles n'ont donc
pas changées. D'autre part, en tenant compte de
l'hypothèse faite plus haut au sujet de la réfraction
et de la courbure des rayons lumineux, les impressions visuelles
seront aussi restées les mêmes.
Ces êtres imaginaires seront donc, comme nous, conduits
à classer les phénomènes dont ils seront
témoins et à distinguer parmi eux, les "cangements de
position" succeptibles d'être corrigés par un mouvement
relatif corrélatif. S'ils fondent une géométrie,
ce ne sera pas, comme la nôtre, l'étude des mouvements
de nos solides invariables; ce sera celle des changements de position
qu'ils auront ainsi distingués, et qui ne sont autres que les
déplacements non euclidiens :
ce sera une géométrie non
euclidienne.
Ainsi, des êtres comme nous, dont l'éducation se
ferait dans un pareil monde, n'auraient pas la même
géométrie que nous.
Analyse mathématique du texte
(proposé par l'irem
de Poitiers - GAUD D. - GUICHARD J. - SICRE
J-P. - SOUVILLE J. - 1995)
On reprend ce texte d'un point de vue mathématique, dans
le cas de la dimention 2. Pour calculer la distance que
Poincaré suggère dans ce texte (P-distance dans la
suite) entre deux points A et B, on peut commencer par
le cas élémentaire où les
points A et B dont sur un diamètre du
disque.L'hypothèse que propose Poincaré consiste
à dire que la distance euclidienne d'un petit segment de
P-longueur x est (R2-r2)x/k où k est un
coefficient de proportionnalité.
Cas de deux points quelconques
Quand les deux points sont sur un diamètre du cercle, le
segment euclidien est bien la P-géodésique qui va de A
à B. Mais quand ils ne le sont pas, ce n'est plus le cas, et
donc on ne peut intégrer sur le segment euclidien
[AB]. Les auteurs du fascicule proposent alors de se ramener
au cas précédent par une P-isométrie qui fera de
A le centre du cercle.
non achevé ...
;-(
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