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Lobatchevsky considère un triangle ABC dont le côté BC = a est égal au diamètre de l"orbite terrestre et dont le sommet A est une étoile fixe de direction perpendiculaire à (BC).Soit 2p la parallaxe maximale de l'étoile A. Alors Pi(a) est supérieur à l'angle CBA qui vaut Pi/2 - 2p. Il en tire donc la minoration k > a/tan 2p.Pour Sirius, on mesure 2p = 1" 24, ce qui donne k > 166 000 aPour une autre étoile 2p = 0"1, et k > 106a.Si l'espace est hyperbolique ... il l'est donc bien peu .... |
si d < dc
la courbure est
négative
type Lobatchevskien
modèle ouvert
si d = dc
la courbure est
nulle
type
Euclidien
modèle ouvert
si d > dc
la courbure est
positive
type
Riemannien
modèle fermé (volume fini)
"Certains travaux récents ont attiré l'attention des cosmologistes sur la possibilité que la topologie de l'univers ne soit pas simplement connexe, et des méthodes d'observations ont été proposées pour vérifier cette hypothèse. Dans le cas où l'univers est multiplement connexe, on peut obtenir des espace hyperboliques - ou même localement euclidiens - qui sont bornés spatialement. C'est le cas par exemple du tore à 3 dimensions. Si notre univers était un tore à trois dimmensions, nous aurions l'impression de vivre dans un espace euclidien s'étendant à l'infini, alors qu'il s'agirait d'une illusion d'optique. Les multiples étoiles qui se présenteraient à nous sur la voute céleste seraient en fait des images fantômes des mêmes étoiles, qui pourraient ainsi être en nombre relativement réduit. (...)
Bien-sûr, il existe beaucoup de variantes topologiques du modèle d'Einstein-de Sitter [ie euclidien] et des modèles hyperboliques de Friedmann-Lemaître qui n'ont pu être testées : une signature trés propre de ces topologies pourraient être inscrites dans la distribution à très faible échelle des anisotropies de la température du rayonnement de fond (...)
Le problème de la forme de l'univers a aujourd'hui quitté le domaine de la spéculation métaphysique. Les observations futures de la distribution des grandes structures et la cartographie précise des anisotropies du rayonnement cosmologique pourraient ainsi modifier profondément nos vues traditionnelles."J. Demaret et D. Lambert
HS1 - La Recherche - Avril 98
Par exemple dans sa théorie de l'atome primitif - ancêtre du Big bang - Lemaître a proposé, en 1925, d'utiliser un modèle "non simplement connexe" en prenant explicitement le modèle elliptique de Riemann dans lequel les points diamétralement opposés sont identifiés. Voir aussi A. Friedmann, G. Lemaître - Essai de cosmologie - Seuil 1997.
Jean Marc Levy Leblond remarque que "les progrés actuels (mais limités) accomplis vers une unification des forces ont été réalisés en prenant la direction exactement opposée à celle que proposait Einstein. Plutôt que de géométriser les forces fondamentales autres que la gravitation, c'est en dégéométrisant cette dernière qu'on les a rapprochées". (Aux Contraires - p 144 - Gallimard 1996)
Ilya Prigogine, dans son ouvrage "La fin des certitudes", critique lui, chez Stephen Hawking ("Une brève histoire du temps") : "l'interprétation purement géométrique de la cosmologie : le temps ne serait en quelque sorte qu'un accident de l'espace. Mais Hawking comprend que ce n'est pas suffisant : nous avons besoin d'une flèche du temps pour rendre compte de la vie intelligente. Et donc, comme beaucoup de cosmologiste, Hawking se tourne vers le principe "anthropique", un principe pour le moins aussi arbitraire que le clinamen d'Epicure." (La fin des certitudes - p 23 - 24 - Edition Odile Jacob - 1996 - voir aussi p 199)
Quelques brefs points de repère :
Hawking introduit un temps imaginaire pur (it), ce qui , effectivement, spatialise entièrement "l'espace-temps" et symétrise totalement les formules de Lorentz. C'est un ardant partisant du principe anthropique, y compris de sa forme forte, explicitement finaliste. Hawking a pu dire que s'il connaissait "la théorie du tout" alors il connaîtrait "l'esprit de Dieu". C'était pourtant aprés Godel qui a montré que déjà l'arithmétique contient des propositions indécidables ... mais passons.
Prigogine est au contraire un militant ... de tout temps ;-) ... de l'introduction de la "flèche du temps" dans la dynamique, y compris dans la cosmologie et propose - ou soutient - plusieurs approches dans "La fin des certitudes". Pour lui "le temps précède l'existence" - c'est d'ailleurs un chapitre de l'ouvrage. En cela, il rejoint tout un courant de la cosmologie actuelle, sur des bases différentes.
Le principe "anthropique", dans sa version faible, veut que le simple fait de notre existence nous permet d'obtenir des informations sur notre environnement cosmologique comme l'âge, la taille ou la densité moyenne de l'univers. Les deux auteurs cités plus haut ont publié un ouvrage sur (pour) le principe anthropique. Introduit dans les années 60, son utilisation en cosmologie divise les scientifiques, pour le moins ! Il est fondé sur le fait que notre univers est somme toute bien singulier - comme un modèle euclidien par rapport à la potentialité de toutes les géométries - et argumente que "c'est l'unité la plus achevée, l'individuation la plus forte, qui donne du sens, non l'inverse". Une des alternatives en cosmologie est la notion d'univers multiples promue par les théories des cordes, voire une construction "darwinnienne" de l'univers (alors auto-organisé) - issue de "la gravitation quantique en lacets" - théorie dans laquelle l'espace et le temps sont discrets sur la base des "réseaux de spin" de Roger Penrose lui-même.
Poincaré va dans le sens de Kant, quand il pense que
"les postuats de la géométrie ne sauraient exprimer de relations physiques, mais qu'ils constituent seulement des conventions d'aprés lesquels on interpréte les faits constatés empiriquement. (...) F. Enrique critique [en 1910] ce point de vue nominaliste. Une analyse détaillée du sens que l'on peut donner au mot "espace" l'amène à conclure que le nominalisme de Poincaré, aussi bien que celui de Kant, sous-entend une conception transcendante par rapport à une réalité phénoménale. Les propriétés géométriques ne sauraient correspondre à des relations entre les corps et l'espace conçu en dehors de ceux-ci, mais bien à des relations entre les corps eux-même.
Dès lors, et conformément aux vues de B. Riemann et H von Helmholtz, la géométrie doit être considérée comme une branche de la physique"(Encyclopédie des sciences mathématiques. Tome III. Vol 1 p 5 et 6)
Décidément, l'espace, s'il est topologiquement séparé, est aussi séparant pour les humains et leurs idées ...